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À la découverte du fascinant phare médiéval de Mornac-sur-Seudre

En tant que passionné d’histoire et de patrimoine maritime, j’ai récemment eu la chance de visiter un site exceptionnel en Charente-Maritime : le phare médiéval « porte-feu » de Mornac-sur-Seudre. Érigée en 2006 dans le cadre d’une exposition sur les phares de la région, cette réplique permet de se plonger dans les techniques de navigation du Moyen-Âge. Laissez-moi vous faire découvrir ce joyau du patrimoine !

Un bond dans le temps sur les rives de la Seudre

Direction le charmant port de Mornac-sur-Seudre, où trône fièrement le phare médiéval depuis 2006. Construit à l’initiative d’une association locale, il s’agit d’une reconstitution grandeur nature d’un « porte-feu », un dispositif utilisé au Moyen-Âge pour guider les navires. Dès mon arrivée sur le port, impossible de le manquer avec sa silhouette atypique !

Le phare se compose d’une structure en bois très rudimentaire, assemblant plusieurs troncs d’arbres qui soutiennent un grand mât. Au sommet, un brasero accueillait un feu pour signaler la présence de la côte aux marins de nuit, tandis que la fumée jouait ce rôle en journée. Un contrepoids ingénieux permettait d’actionner le brasero. L’ensemble, d’une douzaine de mètres, paraît de prime abord assez fragile, et pourtant ce type de construction a guidé les navires pendant des siècles !

Le porte-feu, ancêtre des phares modernes

Si les phares font aujourd’hui partie de notre paysage côtier, ils sont apparus progressivement au fil des siècles. Au Moyen-Âge, pas encore de hautes tours en pierre mais des structures en bois comme le porte-feu de Mornac. C’est au Danemark qu’on trouve les exemples les plus anciens de ce type de dispositif, appelés vippefyr. Le principe est simple mais ingénieux pour l’époque : hisser par un système de balancier un brasero rempli de combustible (bois ou charbon), afin que sa lueur soit visible au loin.

Le plus ancien vippefyr connu est celui de Skagen, à la pointe nord du Danemark, érigé en 1627. Fonctionnel jusqu’en 1747, il a depuis laissé place à un phare moderne, mais une réplique permet d’admirer ce à quoi il ressemblait. C’est ce modèle qui a inspiré la construction du phare médiéval de Mornac. Skagen étant un port important à l’époque, son vippefyr avait une taille impressionnante avec ses 18 mètres de haut !

Du porte-feu à la lanterne, une lente évolution

Le Moyen-Âge a progressivement vu se développer le long des côtes ces « porte-feux » dont Mornac nous offre une réplique fidèle. Mais les techniques vont peu à peu s’améliorer. Les feux à ciel ouvert, sensibles aux intempéries, vont être remplacés par des lanternes fermées, pourvues de miroirs réfléchissants. Au 18ème siècle apparaissent les premières lentilles qui décuplent la puissance des faisceaux. Le combustible évolue également, passant à l’huile puis au gaz. Mais les porte-feux en bois resteront utilisés jusqu’au 19ème siècle dans certaines régions reculées.

C’est vraiment à partir du 17ème siècle que se construisent les premiers grands phares en pierre le long des côtes françaises, comme la célèbre tour de Cordouan à l’embouchure de la Gironde. Mais cette évolution se fera très lentement, et beaucoup de petits ports locaux conserveront leurs modestes porte-feux en bois pendant encore plusieurs siècles. Un patrimoine longtemps oublié, mais que des initiatives comme celle de Mornac contribuent à nous faire redécouvrir.

Le phare de Mornac, une reconstitution minutieuse

Revenons à notre phare de Mornac-sur-Seudre. Sa construction en 2006 répondait à un double objectif : enrichir le patrimoine de la commune et contribuer à une grande exposition sur les phares de Charente-Maritime. Grâce au travail de passionnés et au soutien de la municipalité, cette réplique a pu voir le jour, en s’appuyant sur une solide documentation historique.

Haut d’une douzaine de mètres, le phare a été réalisé en bois local, assemblé selon les techniques traditionnelles de charpente. Sa silhouette élancée est caractéristique des porte-feux médiévaux, avec le long mât supportant le brasero et son contrepoids. Certains éléments (comme le brasero) ont du être adaptés aux normes modernes de sécurité, mais l’ensemble reste très fidèle dans son principe aux phares du Moyen-Âge.

À ses pieds, des panneaux explicatifs retracent l’histoire de ces porte-feux et leur fonctionnement. Car la dimension pédagogique est importante pour la commune, qui souhaite faire de ce phare un support de découverte pour petits et grands. Le site est librement accessible toute l’année et permet de se plonger le temps d’une visite dans la rude vie des marins et des gardiens de phare de l’époque.

Un patrimoine maritime encore méconnu

Au-delà de Mornac-sur-Seudre, les porte-feux médiévaux restent un patrimoine largement méconnu. S’ils ont été remplacés progressivement par des phares en dur, leur rôle dans la sécurisation des côtes fut essentiel pendant des siècles. Pourtant, peu de répliques existent et leur histoire reste souvent mal connue du grand public.

Des initiatives comme celle de Mornac sont donc précieuses pour faire vivre ce patrimoine maritime fragile. En construisant cette réplique sur le petit port de la Seudre, la commune offre à chacun la possibilité de découvrir ces ancêtres des phares modernes et de mieux comprendre leur fonctionnement. Une belle manière de valoriser l’histoire locale et de sensibiliser à la préservation du patrimoine !

Car si d’imposants phares en pierre comme Cordouan sont bien protégés et mis en valeur, ces modestes porte-feux en bois ont largement disparu de nos côtes, victimes du temps et des éléments. Pourtant, leur technique de construction en fait des témoins précieux de l’ingéniosité de nos ancêtres et de leur capacité à s’adapter aux contraintes de leur environnement. Un patrimoine immatériel qu’il est important de transmettre !

Un site à découvrir sur la côte charentaise

Si vous passez en Charente-Maritime, je vous invite donc chaleureusement à faire un détour par Mornac-sur-Seudre pour admirer son étonnant phare médiéval ! Le site se visite librement toute l’année, et des visites guidées sont proposées en saison pour en apprendre plus sur son histoire et son fonctionnement.

Profitez-en aussi pour flâner dans les ruelles du charmant village de Mornac, classé parmi les « Plus beaux villages de France ». Vous pourrez y admirer de belles maisons traditionnelles en pierre, des ruelles fleuries, et bien sûr la fameuse église romane Saint-Pierre. Le village se love au creux d’un méandre de la Seudre, dans un paysage typique du bassin ostréicole local. De quoi allier parfaitement histoire, patrimoine et nature !

Et si vous êtes un amoureux des phares, poursuivez votre route vers Royan ou La Rochelle, où de majestueux phares vous attendent. La région compte de nombreux exemples de phares classiques, du 19ème siècle à nos jours. De belles balades en perspective sur le littoral charentais !

L’importance de valoriser notre patrimoine maritime

Au-delà de la simple curiosité touristique, des lieux comme le phare médiéval de Mornac jouent un rôle essentiel pour préserver et transmettre notre patrimoine maritime. C’est une part de notre histoire commune qui ne doit pas tomber dans l’oubli. Car derrière ces vieilles pierres et ces poutres de chêne, ce sont des siècles de évolutions techniques mais aussi des générations de marins et de gardiens de phare qui ont façonné nos côtes.

Visiter un tel site, c’est aussi prendre conscience de l’importance vitale qu’avaient autrefois ces signaux lumineux pour les navigateurs. Dans un monde où les GPS et autres instruments modernes n’existaient pas, ils étaient les seuls guides dans la nuit, faisant la différence entre une traversée réussie et un naufrage. Le phare était ce trait d’union indispensable entre la terre et la mer.

Alors en arpentant les abords de ce phare de bois, sous le vent marin, j’aime à imaginer la lumière vacillante de son feu se reflétant dans les eaux noires de la Seudre, et les yeux inquiets des marins scrutant l’horizon à sa recherche. Oui, il est important de faire vivre ces lieux de mémoire, de les ouvrir à tous les publics, pour qu’ils touchent les jeunes générations. Un travail de longue haleine mais ô combien enrichissant !

Je repars de Mornac des images plein la tête, fasciné par l’ingéniosité de ce dispositif ancestral, et admiratif devant le travail de ceux qui ont fait revivre ce patrimoine. Et je me fais la promesse de revenir, d’arpenter à nouveau ce bout de côte, et de continuer à traquer les traces de notre riche histoire maritime !

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