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Semussac, un charmant village aux portes de Royan

Niché au cœur de la Charente-Maritime, à quelques encablures de l’animée station balnéaire de Royan, le paisible village de Semussac m’a séduit par son authenticité et la douceur de vivre qu’il dégage. Au fil de mes pérégrinations dans cette attachante région du sud-ouest, j’ai eu un véritable coup de cœur pour ce bourg pittoresque qui a su conserver son âme rurale tout en s’ouvrant au tourisme vert. Laissez-moi vous embarquer dans une balade à la découverte des multiples facettes de Semussac, de son riche passé à son dynamisme actuel, de ses paysages bucoliques à son patrimoine discret mais captivant.

Aux origines de Semussac

Avant de partir explorer ce beau village charentais, il me paraît important de remonter le fil de son histoire. Les origines de Semussac se perdent dans les méandres du temps. Des fouilles archéologiques ont révélé une présence humaine sur le territoire de la commune dès le Néolithique, il y a donc plusieurs milliers d’années. Les vestiges d’un camp de la civilisation de Peu-Richard, datant de cette période, ont notamment été mis au jour au lieu-dit Chez-Reine. Non loin de là, le tumulus de la Motte-Ronde, utilisé à l’âge du bronze puis réoccupé ultérieurement, a livré des traces de foyers, des fragments de haches polies, des tessons de céramique et même des restes humains.

À l’époque gallo-romaine, une voie secondaire traversait déjà Semussac, reliant d’est en ouest la Saintonge. Entre les hameaux de La Valade et Trignac, une portion de voûte souterraine, probablement un vestige de cette route, a été mise au jour il y a longtemps, témoignant de l’ancienneté de ce tracé.

Mais c’est véritablement au Moyen-Âge que Semussac prend son essor avec l’implantation de la puissante baronnie de Didonne, dont dépendait la paroisse. Cette seigneurie s’étendait sur un vaste territoire couvrant aussi les actuelles communes de Meschers, Saint-Georges-de-Didonne et Cozes. La famille de Didonne est mentionnée dans les textes dès le 11ème siècle. Leur château, dont il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges, aurait été bâti au début du 16ème siècle.

Le château de Didonne, résidence des puissants

Dominant le paisible village de Semussac, le château de Didonne fascine par son histoire riche en illustres occupants. Au 18ème siècle, la baronnie passe aux mains du maréchal de Sénectère, gouverneur de Saintonge et d’Angoumois. Ce dernier en fait sa résidence principale et entreprend d’importants travaux d’agrandissement. L’ancien logis seigneurial devient une aile latérale d’une luxueuse et imposante demeure. Le maréchal agrandit considérablement le domaine en acquérant les terres du marquisat de Pisany et des baronnies d’Arvert et de Saujon. À sa mort en 1771, son fils le comte de Sénectère lui succède et poursuit son œuvre. Mais à la Révolution, le château est vendu comme bien national.

Au début du 19ème siècle, la bâtisse devient la propriété du comte Alfred de La Grendière, maire de Semussac puis de Royan. C’est lui qui donne au château de Didonne son aspect actuel, mélange de styles renaissance et néoclassique. Remanié à plusieurs reprises au fil des siècles, il se compose d’un logis flanqué de pavillons d’angle reliés par des ailes basses.

En 1979, le domaine est acheté avec ses 40 hectares de terres par la Coopérative agricole de Cozes-Saujon dans le but de promouvoir les productions locales. Un éphémère musée du matériel agricole s’installe dans les dépendances de 1981 à 2006. Après plusieurs changements de mains, le château abrite désormais des chambres d’hôtes et un restaurant gastronomique. Ainsi, cette noble demeure a su traverser les âges en s’adaptant à son époque, reflétant l’évolution de Semussac et de ses environs.

L’église Saint-Étienne, au cœur de la foi

Autre monument incontournable du patrimoine semussacais, l’église Saint-Étienne se dresse fièrement au cœur du bourg. Cet édifice de style néo-gothique a une histoire mouvementée qui reflète la vie religieuse du village au fil des siècles. L’actuelle église succède à un ancien sanctuaire roman dont elle occupe l’emplacement.

Au 18ème siècle, l’église primitive menace ruine faute d’entretien. En 1771, le comte de Sénectère, seigneur de Didonne et de Semussac, propose à la communauté paroissiale la construction d’un nouveau lieu de culte. Après moult atermoiements, le projet est finalement lancé en 1774. Pour limiter les coûts, on réemploie au maximum les matériaux de l’ancienne église. La bénédiction solennelle du nouvel édifice a lieu le 22 novembre de la même année.

Mais rapidement, des problèmes de solidité apparaissent au niveau du clocher. En 1788, il est question de l’abattre pour le remplacer par un simple clocheton. Il faut attendre 1877 et une campagne de travaux d’agrandissement dirigée par l’architecte Eustase Rullier pour que l’église Saint-Étienne prenne son visage actuel. La nef est prolongée et l’élégant clocher-porche néo-gothique édifié, conférant à l’édifice son caractère quelque peu composite mais harmonieux.

À l’intérieur, la simplicité domine avec une nef unique prolongée d’un chœur à chevet plat. De part et d’autre du vaisseau, deux croisillons formant un faux transept ouvrent l’espace. L’ensemble est couvert de voûtes en berceau surbaissées. Une tribune néo-gothique occupe le fond de la nef.

Le temple de la mémoire protestante

Terre de contrastes, la Saintonge a été profondément marquée par les guerres de Religion au 16ème siècle. Très tôt convertie au protestantisme, la région a farouchement résisté aux persécutions. Semussac n’a pas échappé à ces troubles comme en témoigne le destin singulier du pasteur Jean Jarousseau (1729-1819), apôtre infatigable du « Désert » local.

Originaire du village voisin de Chenaumoine, Jarousseau commence à prêcher clandestinement la foi réformée dans la région dès 1756, en pleine période d’interdiction du culte protestant. Traqué par les autorités, il parvient à leur échapper grâce au soutien actif de la population locale. Profitant d’un certain relâchement de la répression, il fait construire le premier temple de Paterre sur la commune de Chaillevette. Son ministère le conduit aux quatre coins de la presqu’île d’Arvert pendant plus de 60 ans.

À sa mort en 1819, le pasteur Jarousseau est inhumé à Chenaumoine, son village natal. Son tombeau est aujourd’hui un véritable lieu de mémoire pour les protestants charentais. Une stèle rappelle son combat pour la liberté de culte. Chaque année, un pèlerinage y commémore son souvenir et son engagement.

Ce petit monument discret au cœur des marais de Chenaumoine symbolise la résistance spirituelle d’une communauté qui a su garder sa foi envers et contre tout. Il reflète aussi l’identité plurielle de Semussac et de ses environs, carrefour d’influences et de sensibilités.

Balade au cœur d’un terroir généreux

Au-delà de son patrimoine historique, Semussac séduit par la beauté de ses paysages ruraux, mélange harmonieux de champs, de prairies et de forêts. Arpenter les chemins et les petites routes qui sillonnent la commune, c’est partir à la découverte d’un terroir authentique et préservé où l’activité agricole rythme la vie locale depuis des générations.

Au gré de mes pérégrinations semussacaises, j’ai été frappé par la diversité des productions qui font la richesse de la commune. Les vastes parcelles céréalières des hameaux de Trignac, Fontenille ou Chez Reine côtoient les prairies verdoyantes dédiées à l’élevage bovin de La Rivière et de Chez Mouchet.

Mais c’est surtout pour ses melons que Semussac est réputée dans toute la région. La douceur du climat et la qualité des sols offrent des conditions idéales pour la culture de ce fruit gorgé de soleil. Fondée en 1963, l’entreprise Soldive y a implanté un important site de production et de conditionnement en 1981. Les melons charentais de Semussac sont aujourd’hui distribués dans la France entière et même exportés.

Cette tradition agricole ancienne transparaît dans les animations qui rythment la vie du village tout au long de l’année. Chaque été, la grande fête du melon rassemble les habitants autour de jeux traditionnels, d’un marché de producteurs et d’un repas champêtre. L’occasion de déguster ce fruit si savoureux dans une ambiance chaleureuse et festive.

Fin août, la fête de la moisson et des battages remet à l’honneur les gestes et traditions d’antan. Manœuvrée par une équipe de passionnés, une ancienne batteuse mécanique démontre l’évolution des techniques agricoles. Un défilé de vieux tracteurs et de machines d’époque ravit petits et grands. Autant de moments de partage et de transmission qui soulignent l’attachement des Semussacais à leurs racines terriennes.

À vélo à travers champs

Pour apprécier toutes les nuances des paysages semussacais, rien ne vaut une balade à bicyclette sur les petites routes et les chemins qui se faufilent entre les hameaux. La commune est traversée par plusieurs itinéraires balisés qui permettent de parcourir son territoire en toute tranquillité, loin de la circulation automobile.

Mon coup de cœur va au circuit n°10 qui vous emmène découvrir la campagne semussacaise sur plus de 30 km. Du centre-bourg, cet itinéraire sinueux grimpe à travers les vignes et les champs vers les hauteurs de Chez Reine et de Fontenille. Après une halte rafraichissante à l’ombre des chênes de la forêt des Brandes, le parcours se poursuit vers le nord en direction des hameaux du Chambon et de La Barde, avec de magnifiques vues sur les coteaux viticoles.

Plus loin, la route redescend vers la vallée de la Seudre en longeant prairies et marais. Chevaux et moutons y paissent tranquillement dans des paysages bucoliques. Une pause s’impose au moulin des Monards, un des derniers moulins à vent en état de marche de Charente-Maritime. Bâti au 18ème siècle, il se visite lors des Journées du Patrimoine. L’occasion d’en apprendre plus sur son mécanisme ingénieux et le dur labeur des meuniers d’autrefois.

La boucle se referme en revenant vers le bourg de Semussac par Trignac et ses anciennes fermes saintongeaises au charme intemporel. Une échappée à vélo vivifiante et dépaysante, idéale pour s’imprégner de la sérénité et de la beauté simple des paysages charentais.

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